A l’école : du bricolage à l’art
Aujourd’hui, une enseignante me faisait remarquer à quel point on mélange souvent les notions de bricolage et de création artistique. Dans cet article, j’aimerais partager ma vision de ces deux notions, clarifier ces termes ainsi que leurs processus et objectifs, tout en précisant que les deux apportent des bénéfices dont je parlerai plus en détail dans un prochain article de mon blog.
Depuis plus de quinze ans, j’accompagne des enseignant.e.s dans le cadre de projets d’art à l’école. Pendant toutes ces années, j’ai pu constater que beaucoup d’enseignant.e.s ne jugent pas utile l’insertion d’une activité artistique dans leur vaste programme. Ils ou elles voient souvent les activités artistiques proposées comme un loisir non essentiel, à pratiquer le cas échéant en dehors de l’école.
D’autres pensent pouvoir répondre au besoin d’expression créative des enfants en leur proposant de faire des bricolages, souvent à l’approche de la Fête des Mères ou des Pères. Ces activités, pourtant ludiques et épanouissantes pour la plupart des enfants, ne doivent pas être confondues avec des activités artistiques.
Je constate enfin que d’autres enseignant.e.s, bien souvent intéressé.e.s, convaincu.e.s de la pertinence des projets artistiques en classe, se sentent néanmoins démuni.e.s et incapables d’en gérer un, tant du point de vue de la démarche que des outils, méthodes et moyens.
Vous avez un projet et vous aimeriez savoir s’il s’agit d’une activité de bricolage ou artistique ? Voici de manière très simplifiée quelques différences entre les deux :
Il me paraît indispensable de commencer un projet artistique par une discussion entre les différents adultes intervenants qui vont définir le cadre du projet, son sens, le thème ou l’élément déclencheur. L’adhésion de l’enseignant.e est, d’après mon expérience, un préalable indispensable.
C’est ensuite que j’entame le dialogue avec les enfants, en leur expliquant clairement le cadre et les objectifs du projet. Il est également important de comprendre comment fonctionne le groupe et de définir la ou les méthodes de travail (individuelle ou collective, par petits groupes, etc).
J’ai souvent constaté qu’il était nécessaire de « déconstruire » des a priori : je dois par exemple expliquer parfois que les créations ne seront pas forcément « belles » ou que les moyens d’expression artistique que j’utiliserai avec les enfants répondront à leur approche. Ce dernier point a son importance : il s’agit de choisir, parmi les multiples langages et techniques dont on dispose en art (et même si bien entendu, il est impossible de tous les maîtriser !) celui ou ceux qui correspondront le mieux au projet, celui ou ceux qui seront les plus cohérents, tout en les adaptant à l’âge et aux capacités des enfants.
Cela demande aux artistes-animateur.rice.s comme moi une adaptabilité totale : nous sommes totalement au service du projet des enfants et de leur démarche, que nous devons comprendre et ressentir au mieux afin de pouvoir l’accompagner efficacement.
Vous l’aurez compris : l’échange et le dialogue avec les enfants, avec une vraie bienveillance et un esprit et un cœur ouverts et humbles, sont essentiels. Il s’agit d’éveiller leur curiosité et leur motivation, tout créant un sentiment de sécurité, par le non-jugement, par le respect de soi et des autres, par la valorisation de l’expérience plutôt que du résultat. C’est ainsi que l’on pourra mener à bien un projet artistique de qualité où chacun.e trouvera sa place, exprimera sa singularité et développera sa créativité.