"Résurgences" dans le cadre de l'exposition "Slow" à Marche-en-Famenne (BE)
Mon projet d'oeuvre-performance “Résurgences” a été sélectionné pour l'exposition "Slow" à la Maison de la Culture de Marche-en-Famenne (BE).
Vendredi 23 septembre, jour du vernissage, j'ai donc débuté cette création qui associe des aiguilles de 1 cm approx. en porcelaine teintée de différentes couleurs et du tissu. Cette oeuvre traite du temps bien sûr, mais aussi de la façon dont les plantes occupent l'espace. Si leur développement n'est pas toujours visible à court terme, il devient évident lorsque nous voyons à plus long terme un mur recouvert de lierre (comme c'est le cas de ma maison et de mon atelier:-) ou que nous devons enlever les "mauvaises herbes" dans le potager, par exemple!
Cette exposition va durer 4 mois, jusqu'au 27 janvier 2023: je continuerai à travailler sur cette oeuvre toutes les semaines devant le public jusqu'à sa clôture.
Quand on m’a proposé ce projet, j’ai voulu partager avec le public le temps lent de la création d’une œuvre qui se déroule en général avant l’exposition. En tant qu’artiste, je suis assez lente mais ça ne se voit pas parce que, quand les gens arrivent, ils voient une œuvre qui est déjà terminée. Je ne veux pas montrer que c’est long, c’est juste que ce temps lent est extrêmement riche et j’avais envie de partager ce temps-là avec les visiteurs de l’exposition.
Il se trouve que je suis imprégnée par la nature parce que j’y habite et que je suis très sensible à ces rythmes-là du point de vue physique mais aussi émotionnel et spirituel. J’ai fait un mix de tout ça et j’ai mis quelques semaines (hihi, quelques mois plutôt) pour réfléchir au projet. J’ai voulu que ce temps lent de mon œuvre soit associé au temps lent ou long du développement des végétaux dans un espace vide. Lorsque vous laissez un mur vide ou un espace dans votre potager, votre jardin en nettoyant les mauvaises herbes, petit à petit et l’air de rien, jour après jour, les « mauvaises herbes » vont venir occuper cet espace. Les plantes grimpantes, rampantes, des lichens, des champignons… il y a plein de petits éléments qui vont venir petit à petit. Si vous restez devant, vous ne voyez pas grand-chose mais si vous venez une semaine après, vous voyez que votre espace vide ne l’est plus! C’est parce que la force de vie est la plus puissante et c’est cette force dont j’ai voulu m’imprégner pour la donner à voir. Je me laisse traverser par elle lorsque je travaille.
Il y a une autre couche aussi de réflexion: mes aïeules étaient dentellières, brodeuses. D’habitude je ne travaille pas le textile, ce n’est pas mon matériau de prédilection, je suis céramiste. Ici, j’ai voulu rendre hommage à ces dentellières et ces brodeuses qui passaient leurs journées à faire des petits points. Ça pouvait parfois prendre des années pour terminer une grande broderie d’une nappe, d’une tenture… Je reste néanmoins céramiste parce que je ne brode pas ce tissu, je suis en train de piquer des aiguilles en porcelaine que j’ai fabriquées moi-même dans mon atelier. J’ai pris ma porcelaine, je l’ai teintée dans la masse, j’ai fait des très très fins colombins comme des fils que j’ai coupés à environ 1,5 cm et que j’ai cuits à 1250 °C pour qu’ils soient très résistants. Je les pique petit à petit dans la trame de mon tissu et c’est ainsi que mes dessins apparaissent.
Je continuerai jusqu’au 27 janvier, une fois ou deux par semaine selon mes disponibilités étant donné que je suis également prof de céramique. Et j’adore y rencontrer le public!