Les freins à notre créativité (1ère partie)
Comment apprendre à reconnaître nos freins dans le cadre du développement de notre créativité? Cette question me semble importante, tant pour nous-mêmes que pour mieux accompagner nos élèves, enfants ou adultes, les participant.e.s à nos ateliers artistiques, nos enfants, etc.
Eh oui, il me semble qu’on ne peut enseigner ni aider autrui efficacement tant qu’on ne s’est pas penché sur soi-même. Bien sûr, chacun est un univers en soi mais nous sommes tous tellement interconnecté.e.s qu’il est probable que ce que j’ai expérimenté dans ma vie fasse écho chez beaucoup d’autres personnes. S’analyser et comprendre son propre fonctionnement me semble donc un préalable indispensable.
Dans le sens inverse, être ouvert.e aux expériences et aux échanges avec les autres est également essentiel pour développer et approfondir notre compréhension des mécanismes qui nous empêchent de développer ou d’éveiller notre créativité. L’effet miroir (c’est-à-dire, notre capacité à « voir » chez l’autre ce que nous avons à l’intérieur de nous mais de manière moins visible) est également un outil puissant qui peut nous permettre de nous poser de bonnes questions lorsqu’on se sent « incapable » de toute créativité ou lorsqu’on se sent stagner ou tourner en rond ou vide...
Dans cette première partie, je vais me centrer sur nos freins intérieurs et extérieurs. Dans un prochain article, je me pencherai sur des techniques que l’on peut utiliser pour déjouer les pièges de ces freins afin de mieux développer notre propre créativité et, le cas échéant, afin de mieux accompagner dans leur épanouissement créatif nos élèves, enfants ou adultes, les participant.e.s à nos ateliers artistiques, nos enfants, etc.
Nos freins :
Que ce soit dans ma pratique artistique personnelle ou en tant que pédagogue ou animatrice d’ateliers de créativité et de création artistique, je constate qu’il ne suffit pas toujours de vouloir développer la créativité et de mettre en place des techniques adéquates pour réussir à voir la créativité s’épanouir.
Par ailleurs, tous les animateurs et toutes les animatrices ainsi que les professeur.e.s d’art ont également déjà constaté ce genre de résistances dans les groupes d’enfants et/ou d’adultes dont ils ont la responsabilité. Quel.le professeur.e n’a jamais entendu dire : « Je ne sais pas dessiner ! » ou « Il me faut un modèle car je n’ai pas d’imagination », etc.
En effet, la plupart d’entre nous – pourtant motivé.e.s et plein.e.s de bonne volonté – éprouvons des blocages, des limitations, lorsqu’il s’agit de développer notre créativité. Quelle que soit la forme que ce frein prend de manière concrète, une constante peut être observée en profondeur : la peur.
Bien sûr, le mot « peur » possède de très nombreux visages qu’il est intéressant d’apprendre à reconnaître. D’après mon expérience, comprendre comment elle agit en nous, nous permet d’y faire face et de réagir de manière efficace pour arriver à notre objectif créatif, pour autant que nous soyons motivé.e.s, bien entendu.
Si la peur nous conditionne toutes et tous, quel que soit notre âge, il semble évident que plus on grandit et plus les peurs « sociales » vont se développer. Selon notre environnement familial et scolaire, nous aurons plus ou moins de facilités (et/ou d’outils) pour préserver et nourrir notre créativité – il suffit de voir la pédagogie pratiquée par beaucoup d’établissements scolaires, chez nous comme ailleurs, où l’enfant est progressivement amené.e à apprendre à se conformer à la norme. Mais il y a une bonne nouvelle : il n’est jamais trop tard !
Voyons à présent nos peurs en lien avec la créativité plus en détail.
Si on analyse nos peurs liées à l’éveil (le réveil ?) ou au développement de notre créativité, on se rend compte que certaines sont d’ordre psychologique, comme la peur du ridicule, le manque de confiance en soi, etc. Ces limitations sont parfois tellement ancrées que l’aspirant artiste ne fera même pas le premier pas ; d’autres fois, lorsque l’artiste est arrivé, en faisant de grands efforts, à dépasser certains freins, ces limitations « obstruent » son épanouissement créatif en le menant vers une auto-censure, un auto-boycott, etc.
La peur se cache parfois derrière le masque de la procrastination, de la paresse, des croyances limitatives, du conformisme, du « trop vite content.e », etc, etc. Je ne suis pas psychologue mais il suffit de regarder en soi avec honnêteté pour se rendre compte de ces liens profonds et souvent cachés.
Bien entendu, tous les freins, même s’ils se répercutent en nous et puisent souvent leurs racines dans nos peurs, ne proviennent pas de notre intérieur. Certaines autres limitations sont plutôt extérieures à nous et peuvent être :
- d’ordre matériel (manque de financement, manque de place, manque de temps, etc),
- d’ordre socio-culturel (on est éduqué.e d’une certaine façon ; dans certaines cultures, il y a des « interdits », ou des préjugés, etc).
Dans nos sociétés occidentales, on pourrait penser qu’il n’y a aucune limitation sociale mais c’est un leurre : les limitations « culturelles » sont bel et bien ancrées et nous conditionnent, même si nous pouvons évidemment nous réjouir de la liberté relative dont nous jouissons par rapport à d’autres régions de la planète. Certains diront que de grands artistes sont nés dans des environnements peu propices. Bien évidemment, ils ont raison ! Cependant, combien de créativités perdues ! Combien de personnes ont abandonné une activité qui leur permettait de développer leur créativité dans un domaine qui les attirait particulièrement uniquement parce que c’était mal vu dans leur milieu, parce qu’ils ou elles n’en avaient pas les ressources économiques, etc.
Lorsque plusieurs de ces difficultés s’associent, la créativité peut très bien ne pas trouver les moyens de s’épanouir.
Heureusement, il y a des remèdes à cela ! Nous aborderons la prise de conscience et des techniques qui peuvent nous aider à débloquer notre créativité dans la deuxième partie de cet article ! A bientôt !